Les défis du management dans un monde hybride

Pas de place pour le « copier-coller » : la montée en puissance du télétravail implique de revisiter l’organisation des activités et le style managérial.

Pour les cadres, le travail hybride « est là pour durer », et c’est une bonne nouvelle à leurs yeux : d’après une étude réalisée par Beekast, 80 % d’entre eux souhaitent continuer à travailler en mode hybride en 2023. En revanche, quand ils managent des équipes, la majorité estime qu’il s’agit d’un challenge au quotidien, même si nombre d’entre eux considèrent travailler plus efficacement avec cette nouvelle organisation. Ils sont donc en attente d’accompagnement de la part de leurs directions.
Un paradoxe doit être levé, démontrant la force des clichés qui restent associés au travail à distance : les managers français ne questionnent pas leur propre capacité de travail et de performance en home office, et pourtant une immense majorité est très sceptique sur le maintien du niveau de productivité de leurs collaborateurs…

Un double challenge : cohésion d’équipe et communication

Plusieurs enquêtes révèlent également l’un des principaux sujets de préoccupation des managers – et des membres de leur équipe : la création et le maintien des liens, et la qualité de la communication entre des salariés travaillant à distance. C’est ce qui ressort d’une étude d’Owl Labs, qui rappelle, dans ses conclusions, que le travail hybride ne s’improvise pas. Il va s’agir d’interroger la pertinence des modes de travail et de les adapter, de proposer des actions de formation, ou encore de déployer les technologies adaptées à des équipes physiquement dispersées.
Pour les managers, de nombreuses questions peuvent se poser. Comment maintenir l’engagement et le sentiment d’appartenance ? Quelles formes d’interaction et de communication inventer pour entretenir l’esprit d’équipe ? Quels leviers activer pour garantir l’efficacité individuelle et collective ? Comment s’assurer du bien-être des collaborateurs et le renforcer ? La relation avec l’équipe, en tant que groupe mais aussi avec chacun de ses membres, ne peut faire l’économie d’un renforcement.

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Plusieurs pistes à explorer pour réinventer la posture managériale

Les travaux d’experts et analyses de retours d’expérience livrent différents conseils, que l’on peut regrouper en quatre catégories : d’abord, donner un cadre au travail hybride et l’animer, en alliant moments structurés – comme des réunions d’équipe ou des points one-to-one – et autonomisation dans la gestion de son temps et de ses activités ; ensuite, responsabiliser les collaborateurs, en misant sur la confiance réciproque et le management par la performance.
Un troisième axe concerne la communication, avec la sélection et l’utilisation des bons canaux et outils, ainsi qu’une posture managériale d’écoute active – qui permettra notamment de repérer des signaux faibles, par exemple de sentiment d’isolement d’un membre de l’équipe. Last but not least, il est indispensable de favoriser les interactions, formelles comme informelles, par exemple en organisant des « pauses café virtuelles » ou des actions de team building adaptées au travail hybride.

Nouveaux modes de management et d’organisation : six pratiques à réinventer

Suzy Canivenc, chercheure à la chaire Futurs de l’industrie et du travail de Mines Paris – PSL, a mené l’enquête auprès d’une vingtaine d’entreprises pour tirer des leçons des expérimentations en NMMO (nouveaux modes de management et d’organisation), dont relève le travail hybride. Une analyse qui a permis de repérer six pratiques, et autant de points de vigilance dans la mise en œuvre :